CP01 Impact d’un régime périopératoire pauvre en polyamines sur la douleur après chirurgie osseuse du pied: résultats d’une étude prospective randomisée.
La prévention et le traitement de la douleur après chirurgie osseuse de l’avant-pied incluant l’hallux en ambulatoire restent un enjeu majeur, tout comme
la gestion des effets secondaires des antalgiques de palier 2. Les mécanismes neuronaux de la douleur mettent en jeu le récepteur NMDA. Il peut être
modulé négativement par les polyamines, des molécules de petit poids moléculaire provenant principalement de l’alimentation. L’objectif de notre étude
était de montrer qu’un régime périopératoire appauvri en polyamines pouvait diminuer les douleurs postopératoires ainsi que la consommation
d’antalgiques de palier 2, notamment de tramadol.
Nous avons mené une étude prospective, randomisée, en groupes parallèles. Les patients recevaient une liste d’aliments à consommer
préférentiellement. Les aliments conseillés dans le groupe A (régime appauvri en polyamines) étaient déconseillés dans le groupe B (régime placebo). Le
régime encadrait la chirurgie de J-7 à J+8. Les patients inclus dans l ‘étude étaient opérés en ambulatoire d’une chirurgie osseuse de l’avant-pied incluant
l’hallux. Nous avons analysé la douleur en prenant comme critère de jugement principal une EVA maximale supérieure ou égale à 3 et la consommation
globale d’antalgiques de paliers 2, en particulier le tramadol.
253 patients ont été inclus dans le groupe A et 231 dans le groupe B. Il n’y avait pas de différence pour l’EVA supérieure ou égale à 3 (62,2% dans le
groupe A, 62,4% dans le groupe B, p=1,00) ni pour le recours aux antalgiques de palier 2 (73,9% pour le groupe A, 67,1% pour le groupe B, p=0,11). Le
groupe B consommaient significativement moins de comprimés de palier 2 (en moyenne 9,1 contre 11,3 pour le groupe A, p=0,02) et avaient moins
recours au tramadol (50,6% contre 60,9% pour le groupe A, p=0,03).
Contrairement aux résultats de plusieurs études récentes, nous n’avons pas montré la supériorité du régime appauvri en polyamines. A posteriori, nos
critères de jugement semblent trop stricts puisque nous avons évalué l’EVA maximale pendant la semaine postopératoire. Un pic douloureux à 4/10
plaçait le patient dans la même catégorie qu’un patient ayant eu chaque jour plusieurs pics à 8/10. Le caractère déclaratif de la compliance au régime
constitue également un autre biais
Le régime appauvri en polyamines n’a pas permis de diminuer les douleurs postopératoires ni la consommation d’antalgiques après chirurgie osseuse de
l’avant-pied en ambulatoire. Les patients soumis au régime ont même consommé plus de comprimés de palier 2 et avaient plus souvent recours au
tramadol